L’utilisation passe-partout du concept d’exotisme pour décrire la musique se référant directement à un « autre » géographique est particulièrement problématique dans le cas de Maurice Ravel. Étant donné la présence prépondérante de l’« autre » dans sa musique (qu’il s’agisse d’un autre géographique, chronologique ou stylistique), il est indispensable de différencier cas par cas l’attitude et les choix compositionnels du compositeur. En suivant notamment les réflexions de Ralph P. Locke au sujet de l’exotisme musical et en s’interrogeant sur la perception des topoï musicaux, cet article propose une lecture des Chansons madécasses qui va au-delà de leur exotisme. Nous analysons les choix de Ravel par rapport aux textes et soulignons la portée moderniste et expressive (notamment érotique) davantage qu’« exotique » de ses choix musicaux.