Cet article a pour objet d’interroger l’articulation entre la mise en scène discursive de l’image de la communauté, dans le cadre d’un circuit de tourisme culturel au Guatemala, et les stratégies politiques des acteurs qui y assument le rôle de « porte-parole ». L’analyse s’appuie sur un travail de terrain ethnographique prolongé dans une communauté rurale composée d’ex-guérilleros devenus caféiculteurs. L’espace de parole que constitue le circuit touristique se trouve au cœur d’enjeux qui touchent à la viabilité économique de la communauté, mais aussi à sa cohésion symbolique. Il reflète les rapports de pouvoir entre ses membres, dont certains sont investis d’une fonction de représentation et prennent la parole en public, tandis que d’autres se taisent. De fait, les « porte-paroles » du circuit occupent également des mandats électifs et ont une fonction de courtier en développement. La mise en récit de l’histoire de la communauté permet de construire le sens d’un parcours marqué par les ruptures. Elle constitue un élément clé de la construction identitaire et de légitimation de l’appartenance à un groupe dont l’existence date d’une dizaine d’années seulement.