> En raison de l'augmentation mondiale de l'obésité et des maladies qui lui sont associées, dont le diabète de type 2, la communauté scientifique se doit d'amélio-rer notre compréhension des mécanismes sous-jacents de l'homéostasie énergé-tique. Un champ toujours plus important d'investigations concerne les signaux hormonaux que produit l'intestin en réponse à l'assimilation des nutriments, et qui modulent les sensations de faim et de satiété. On sait aujourd'hui que le système nerveux entérique joue un rôle clé dans la détection et la transmission au cerveau de beaucoup de ces signaux [1]. Parmi les signaux récemment décrits, on trouve la néoglucogenèse intestinale (capacité à synthétiser du glucose de novo) ou NGI, qui interfère avec le contrôle de l'homéostasie énergétique à l'état nourri post-absorption 1 (pour revue, voir [2]). L'induction de la néoglucogenèse intestinale se traduit par une libération de glucose dans la veine porte. La détection de ce glucose par un détecteur de glucose présent dans les parois de la veine porte et la transmission de ce signal au cerveau par le système nerveux périphérique se traduisent par la diminution de la sensation de faim. Cela concerne deux situations nutritionnelles particulières : un régime enrichi en protéines [3-5] et la chirurgie de type bypass gastrique 2 [6].1 On appelle état nourri la période pendant laquelle des nutriments ingérés au niveau du tube digestif arrivent dans la circulation. Il dure entre 3 et 8 heures après un repas ; l'état post-absorptif, lui, correspond aux 12 à 18 heures suivantes. 2 Celle-ci consiste à réduire la taille de l'estomac mais aussi à dériver les aliments dans l'intestin grêle. Il est réservé aux sujets atteints d'obésité morbide, et notamment en cas de diabète, de reflux gastro-oesophagien et d'échec de la gastroplastie par anneau ajustable.Propriétés m-opioïdes des protéines alimentaires Une propriété connue depuis longtemps des hydrolysats de protéines, qui ont un intérêt en nutrition humaine, comme les caséines du lait ou le gluten, est qu'ils exercent une activité -opioïde in vitro [7]. Il est également connu que la modulation de l'activité des récep-teurs -opioïdes peut interférer avec le contrôle de la prise alimentaire au niveau central : les agonistes stimulent la prise alimentaire, tandis que les antagonistes l'inhibent (pour revue, voir [8]). Fait intéressant, les deux organes du corps dans lesquels les récepteurs -opioïdes sont le plus largement exprimés sont le cerveau, en particulier dans les régions impliquées dans le contrôle de la prise alimentaire lié au système de récompense [9], et l'intestin grêle où ils contrôlent la motilité intestinale [10]. De plus, la naloxone (Nalox), un antagoniste des récepteurs -opioïdes, diminue l'apport alimentaire lorsqu'elle est administrée par voie orale chez l'homme [8], alors qu'elle est activement dégradée par le foie [11]. Ceci suggérait que les modulateurs des récepteurs -opioïdes d'origine alimentaire pourraient agir sur un site portal, gastro-intestinal ou mésentériqu...