Cet article étudie des dossiers d’archives de l’agence indienne de l’Abitibi portant sur la scolarisation des enfants des Premières Nations dans la première moitié du vingtième siècle. La question était de savoir si, en matière de scolarisation, les agents appliquaient des directives ou exerçaient un pouvoir discrétionnaire. L’analyse se focalise autant sur la bureaucratie que sur les représentants de l’État, dans un contexte colonial. Chargés d’appliquer des normes juridiques faisant appel à leur subjectivité, les agents des Affaires indiennes révèlent, dans leurs correspondances et leurs remarques, leurs préjugés, leur ethnocentrisme et la façon dont l’État et la société percevaient les Autochtones. En retraçant l’histoire scolaire des jeunes Autochtones gérés par l’agence de l’Abitibi avant l’ouverture du pensionnat d’Amos en 1955, j’ai pu voir se dévoiler ces hommes qui ont été des acteurs clés dans l’histoire de leurs administrés. J’avance que la bureaucratie et les bureaucrates n’ont pas été que des instruments au service du projet colonial, mais son principal vecteur.