mande quelque 100 000 chirurgies de remplacement valvulaire par année en Amérique du Nord ; en outre, elle est directement la cause d'environ 20 000 décès chaque année. La première partie de cet article porte sur les pathoméca-nismes conduisant au RA chez l'adulte ; la deuxième partie est consacrée à la sévérité du RA dont l'évaluation est déterminante pour la conduite thérapeutique.
Pathogénie du rétrécissement aortiqueBien que le rhumatisme articulaire aigu ait longtemps constitué la source la plus fréquente du RA, la sclérose valvulaire dite dégénérative est, de nos jours, l'étiologie prédominante dans les pays développés. Cette forme de RA a longtemps été considérée comme un processus dégénératif lié au vieillissement dont il était, par conséquent, difficile de modifier l'évolution. Cependant, des études récentes démontrent que cette maladie présente de nombreuses similitudes avec la maladie coronarienne athérosclérotique (MCAS) tant sur le plan de la physiopathologie que des facteurs de risques suggérant ainsi que le RA ne serait en fait qu'une des nombreuses manifestations de l'athérosclérose (Tableau I) [1][2][3][4]. Dans cette perspective, le RA dégénératif ne serait donc plus à considérer comme un processus iné-Dans les pays industrialisés, le rétrécissement aortique (RA) est la maladie cardiovasculaire la plus fréquente après la maladie coronarienne et l'hypertension artérielle [1][2][3]. Il est prévu que sa prévalence augmentera considé-rablement au cours des prochaines décennies en raison du vieillissement de la population et, actuellement, elle comCentre de recherche de l'Hôpital Laval, Institut de cardiologie de Québec, Université Laval, 2725, chemin Sainte-Foy, Sainte-Foy, Québec, G1V 4G5 Canada. philippe.pibarot@med.ulaval.ca > En Occident, le rétrécissement aortique (RA) est la maladie cardiovasculaire la plus fréquente après la maladie coronarienne et l'hypertension artérielle. La cause la plus fréquente de cette pathologie est le RA dégénératif dont le vieillissement a longtemps été considéré comme la cause inéluctable. Des données récentes suggèrent cependant que le RA serait une maladie active présentant de nombreuses similitudes avec l'athérosclérose et, de ce fait, susceptible d'être traitée grâce à des changements de comportement et diverses interventions pharmacologiques. En outre, d'autres données rappellent que le RA n'est pas une maladie isolée limitée seulement à une affection de la valve aortique. Le RA est, en effet, souvent associé à une atteinte de l'arbre artériel et, en particulier, à une diminution de la compliance vasculaire systémique qui a des répercussions importantes sur la pathophysiologie et l'évolution clinique de cette maladie. Ainsi, l'évaluation de la sévérité du RA et l'approche thé-rapeutique qui en découle doivent être effectuées selon une perspective globale qui non seulement intègre la valve aortique mais encore le réseau artériel et le ventricule gauche car ces trois entités sont étroitement liées tant sur le plan pathophysiologique que sur le plan hémodynamiq...