Alors que la réflexivité est considérée depuis plusieurs décennies comme une compétence incontournable pour les métiers de l’humain, le secteur de l’ingénierie commence à s’en emparer, en l’envisageant comme un levier intéressant de professionnalisation. Mais l’absence d’une culture partagée autour de la réflexivité, de même que l’appétence des étudiants pour les sciences exactes et les difficultés qu’éprouvent certains à considérer leur propre action comme un objet de réflexion, posent question pour la conception de dispositifs pédagogiques visant le renforcement des capacités réflexives. Nous proposons ici, en guise d’état des lieux, d’appréhender les aptitudes à la réflexivité d’étudiants ingénieurs agronomes en début de cursus en analysant des écrits réflexifs rédigés à propos de leurs pratiques et processus d’apprentissage dans le cadre d’un enseignement d’analyse économique et financière. Les niveaux de réflexivité obtenus apparaissent comme étant très divers, à l’image de ce qui peut être décrit dans la littérature consacrée aux métiers de l’humain. Si certains étudiants produisent des écrits réflexifs riches, d’autres peinent à s’engager dans des activités de projection et encore plus dans de véritables démarches d’enquête leur permettant de réinterroger des conceptions personnelles. Nous mettons en évidence plusieurs leviers pour renforcer la réflexivité : l’expression en utilisant une position de parole incarnée, le renforcement de la curiosité vis-à-vis de soi et vis-à-vis d’autrui, la confrontation à des difficultés ou à une situation inédite. Ce travail peut finalement être lu comme une tentative théorique et pratique pour donner corps au concept de réflexivité et prise à la réflexion pédagogique.