Après la Seconde Guerre mondiale, ainsi que pendant la Dictature des Colonels, la Hongrie a accueilli un grand nombre de réfugiés politiques grecs. La communauté fut si importante que plusieurs structures sociales – de nombreuses écoles grecques notamment – ont pu être créées. Au sein du bloc de l’Est, la Hongrie présentait un communisme plutôt « doux » et pouvait constituer un pont vers l’Ouest. Beaucoup d’intellectuels et artistes exilés dans ce pays circulaient alors relativement facilement entre les deux Europe et ont su construire, progressivement, une double appartenance culturelle. Parmi ces figures, l’écrivain Dimitris Hatzis, grand nom de la littérature grecque du XXe siècle, mérite une attention particulière. Il est l’objet principal de cet article. Également universitaire, spécialiste d’histoire byzantine, Hatzis a beaucoup voyagé, de Hongrie en France notamment, pour laisser évoluer sa libre pensée. De fait, cette personnalité qui se distingue par son manque de docilité à la fois à l’égard du Parti communiste et à l’égard des différents pays qui l’ont accueilli, représente une forme de décloisonnement – idéologique, politique, culturel – progressif de l’Europe. Un décloisonnement pour lequel l’expérience de l’exil des intellectuels et des artistes a joué un rôle important.