Faut-il rappeler que l'Archéologie, comme ensemble de méthodes et techniques d'investigation, seule pourvoyeuse de données pour l'étude de la Préhistoire, ne peut s'appuyer que sur des faits matériels (objets mobiliers, traces, déplacement ou agencement de la matière) et les analyses plus ou moins sophistiquées qui en découlent ? On cherche à étendre ce champ du monde physique, d'abord appréhendé, par des comparaisons, recoupements, raisonnements, productions d'hypothèses interprétatives, par le recours à la logique, au comparatisme avec des situations analogues dans d'autres champs historiques ou culturels mieux connus, à l'expérimentation, etc. Mais les matériaux de base de l'analyse restent du ressort du monde physique. Certains domaines d'investigation en sont favorisés : étude de l'objet, des rejets culinaires, des comportements funéraires, de l'habitat ... Il pourrait sembler que ce dernier soit donc aisément abordé, puisque résultant par excellence de la transformation et de l'aménagement de la matière. Ce n'est pourtant pas le cas. Les exemples de structures bâties, clairement lisibles en plan grâce à des traces au sol (bâtiments sur poteaux, soubassements empierrés), ne sont pas les plus fréquents. Derrières quelques représentations emblématiques, constamment reprises dans les écrits de vulgarisation, se cachent une majorité de vestiges tronqués, de traces peu lisibles et difficilement interprétables. La connaissance que l'on peut en tirer de l'organisation de vie des sociétés anciennes en souffre inévitablement ; si on peine le plus souvent à dégager pour chacune d'elles un archétype de maison, on est encore plus éloigné d'en saisir les variations. Il y a heureusement des situations où la convergence d'informations, mêmes incomplètes, permet d'appréhender ces variantes et de commencer à réfléchir sur ce qu'elles nous disent de la complexité interne des sociétés elles-mêmes.