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Ce texte propose une incursion dans l’histoire du service de psychiatrie de Bobo-Dioulasso une décennie après l’indépendance de la Haute-Volta, au travers du parcours et de l’expérience de Jean-Louis Renauld, psychiatre-psychanalyste en poste au service entre 1972 et 1974 dans le cadre de la coopération française. Cet article s’appuie sur un corpus de sources variées : divers entretiens réalisés avec Jean-Louis Renauld, une quinzaine de photos prises pendant son séjour et un petit dossier d’archives privées constitué par le psychiatre. Ce dernier corpus est composé de notes éparses, regroupant pêle-mêle des réflexions libres écrites pendant son séjour, des correspondances avec différentes autorités, ainsi qu’un ensemble de notes techniques sur les chantiers lancés et la reproduction d’un article publié dans une revue médicale.Le corpus de sources ainsi constitué apparaît fragmentaire et fragmenté. Fragmentaire, car tourné avant tout vers l’expérience du psychiatre. De fait, tout un ensemble d’autres acteurs, que ce soit l’équipe soignante locale ou les patients et leurs familles sont rarement évoqués ou très peu visibles. Fragmenté, car le dossier se compose de notes parfois difficilement identifiables ou contextualisables. Les photos sont utiles, mais leur nombre est réduit. Enfin, la mémoire de Jean-Louis Renauld, dans le cadre des entretiens que nous avons menés, s’est avérée parfois défaillante pour évoquer des éléments biographiques qui remontent à plus de cinquante ans.Cet ensemble documentaire varié apparaît néanmoins utile et important, surtout dans un contexte où les sources produites par le service lui-même depuis son ouverture restent très limitées, voire inexistantes. Les notes personnelles de Renauld permettent par exemple d’accéder à des pensées plus « brutes », à des réflexions situées (dans le temps et l’espace) de son expérience que ni les articles scientifiques qu’il a produits (rédigés en tant que psychiatre), ni les entretiens conduits – qui le poussent à activer sa mémoire cinquante ans après les faits – ne sont en mesure de restituer. La diversité du corpus permet ainsi d’approcher sa trajectoire professionnelle, mais aussi d’accéder à des bribes de son ressenti personnel, en tant que jeune coopérant français. Une lecture entre les lignes et la mise en place d’une discussion-dialogue autour des photos permet de dépasser, dans une certaine mesure, l’écueil de la « mise en scène de soi » et d’approcher l’histoire d’un service médical dont le quotidien et les relations entre différents acteurs — seul médecin blanc, équipe soignante, patients, familles — sont encore marqués du sceau des rapports coloniaux, une décennie après les indépendances.Ainsi l’idée de cet article est-elle partie d’un manque et d’une envie. Un manque tout d’abord : l’absence de sources alternatives produites par le service ou par d’autres acteurs, qu’il serait possible de croiser avec le corpus de Renauld, ou qui permettraient éventuellement de le déconstruire. Une envie, ensuite : essayer de produire un témoignage et une analyse sur la base d’un corpus documentaire limité, fragmentaire, issu d’un même producteur. Dès lors, cet article constitue à la fois un défi méthodologique et une démarche exploratoire, en proposant un aller-retour assumé entre différentes échelles d’analyse. En prenant comme point de départ la figure de Jean-Louis Renauld, son parcours et son expérience à Bobo-Dioulasso pendant les deux années de sa mission, cette recherche exploratoire tente de reconstituer l’itinéraire d’une enquête qui, en s’appuyant notamment sur la mémoire d’un individu, propose plus largement de réfléchir à l’histoire de la coopération et à ce qu’a pu être le fonctionnement quotidien du service de psychiatrie de Bobo-Dioulasso, une décennie après l’indépendance du pays. Cet article s’organise autour de trois axes. Dans un premier temps, la focale est posée sur la vie de Jean-Louis Renauld et son parcours professionnel pour interroger plus largement les motivations qui l’ont conduit à devenir coopérant en Haute-Volta. Dans un second temps, en s’appuyant sur un corpus de sources fragmentaire mais diversifié, ce texte propose d’explorer la vie quotidienne du service de psychiatrie de Bobo-Dioulasso au travers des « chantiers » que Renauld y a lancés : rompre avec le modèle asilaire et insuffler une nouvelle éthique professionnelle à l’équipe soignante locale, en démythifiant la maladie mentale et en introduisant une psychiatrie plus « relationnelle ». Enfin, partant du constat que le corpus de sources utilisées restait très centré sur la figure de Renauld, cet article propose d’approcher la réalité d’autres acteurs en analysant certains profils de patients et les relations entretenues entre familles et société, tant avec le trouble mental qu’avec le service de psychiatrie.
Ce texte propose une incursion dans l’histoire du service de psychiatrie de Bobo-Dioulasso une décennie après l’indépendance de la Haute-Volta, au travers du parcours et de l’expérience de Jean-Louis Renauld, psychiatre-psychanalyste en poste au service entre 1972 et 1974 dans le cadre de la coopération française. Cet article s’appuie sur un corpus de sources variées : divers entretiens réalisés avec Jean-Louis Renauld, une quinzaine de photos prises pendant son séjour et un petit dossier d’archives privées constitué par le psychiatre. Ce dernier corpus est composé de notes éparses, regroupant pêle-mêle des réflexions libres écrites pendant son séjour, des correspondances avec différentes autorités, ainsi qu’un ensemble de notes techniques sur les chantiers lancés et la reproduction d’un article publié dans une revue médicale.Le corpus de sources ainsi constitué apparaît fragmentaire et fragmenté. Fragmentaire, car tourné avant tout vers l’expérience du psychiatre. De fait, tout un ensemble d’autres acteurs, que ce soit l’équipe soignante locale ou les patients et leurs familles sont rarement évoqués ou très peu visibles. Fragmenté, car le dossier se compose de notes parfois difficilement identifiables ou contextualisables. Les photos sont utiles, mais leur nombre est réduit. Enfin, la mémoire de Jean-Louis Renauld, dans le cadre des entretiens que nous avons menés, s’est avérée parfois défaillante pour évoquer des éléments biographiques qui remontent à plus de cinquante ans.Cet ensemble documentaire varié apparaît néanmoins utile et important, surtout dans un contexte où les sources produites par le service lui-même depuis son ouverture restent très limitées, voire inexistantes. Les notes personnelles de Renauld permettent par exemple d’accéder à des pensées plus « brutes », à des réflexions situées (dans le temps et l’espace) de son expérience que ni les articles scientifiques qu’il a produits (rédigés en tant que psychiatre), ni les entretiens conduits – qui le poussent à activer sa mémoire cinquante ans après les faits – ne sont en mesure de restituer. La diversité du corpus permet ainsi d’approcher sa trajectoire professionnelle, mais aussi d’accéder à des bribes de son ressenti personnel, en tant que jeune coopérant français. Une lecture entre les lignes et la mise en place d’une discussion-dialogue autour des photos permet de dépasser, dans une certaine mesure, l’écueil de la « mise en scène de soi » et d’approcher l’histoire d’un service médical dont le quotidien et les relations entre différents acteurs — seul médecin blanc, équipe soignante, patients, familles — sont encore marqués du sceau des rapports coloniaux, une décennie après les indépendances.Ainsi l’idée de cet article est-elle partie d’un manque et d’une envie. Un manque tout d’abord : l’absence de sources alternatives produites par le service ou par d’autres acteurs, qu’il serait possible de croiser avec le corpus de Renauld, ou qui permettraient éventuellement de le déconstruire. Une envie, ensuite : essayer de produire un témoignage et une analyse sur la base d’un corpus documentaire limité, fragmentaire, issu d’un même producteur. Dès lors, cet article constitue à la fois un défi méthodologique et une démarche exploratoire, en proposant un aller-retour assumé entre différentes échelles d’analyse. En prenant comme point de départ la figure de Jean-Louis Renauld, son parcours et son expérience à Bobo-Dioulasso pendant les deux années de sa mission, cette recherche exploratoire tente de reconstituer l’itinéraire d’une enquête qui, en s’appuyant notamment sur la mémoire d’un individu, propose plus largement de réfléchir à l’histoire de la coopération et à ce qu’a pu être le fonctionnement quotidien du service de psychiatrie de Bobo-Dioulasso, une décennie après l’indépendance du pays. Cet article s’organise autour de trois axes. Dans un premier temps, la focale est posée sur la vie de Jean-Louis Renauld et son parcours professionnel pour interroger plus largement les motivations qui l’ont conduit à devenir coopérant en Haute-Volta. Dans un second temps, en s’appuyant sur un corpus de sources fragmentaire mais diversifié, ce texte propose d’explorer la vie quotidienne du service de psychiatrie de Bobo-Dioulasso au travers des « chantiers » que Renauld y a lancés : rompre avec le modèle asilaire et insuffler une nouvelle éthique professionnelle à l’équipe soignante locale, en démythifiant la maladie mentale et en introduisant une psychiatrie plus « relationnelle ». Enfin, partant du constat que le corpus de sources utilisées restait très centré sur la figure de Renauld, cet article propose d’approcher la réalité d’autres acteurs en analysant certains profils de patients et les relations entretenues entre familles et société, tant avec le trouble mental qu’avec le service de psychiatrie.
Ce document a été généré automatiquement le 5 juillet 2024.Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-SA 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
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