Les Innus qui souhaitent encore apprendre et transmettre la culture traditionnelle ont aujourd’hui recours à de nouvelles stratégies : écriture, documentaires, stages en forêt, cours scolaires, musées et centres culturels, sites Web et outils multimédias. Il s’agit d’arriver à composer avec les profondes transformations produites par la colonisation et par le mode de vie contemporain : la sédentarisation en réserve, les nouvelles pratiques économiques, la scolarisation des jeunes. Un rôle dramatique semble avoir été joué notamment par l’institution des écoles résidentielles catholiques, dans les années 1950. Selon plusieurs Innus, elles auraient coupé les racines culturelles des nouvelles générations. Dans la situation de crise qui en résulte, la tradition se perpétue à travers des actions novatrices, créatives et conscientes. Basé sur une recherche de terrain de plus de deux ans (2003-2006) dans la communauté innue de Uashat mak Maniutenam (Côte-Nord du Québec), cet article analyse les transformations du processus de transmission du « savoir innu » à partir d’une conception dynamique de la « tradition ».