Contexte : La tuberculose (TB) pharmacorésistante représente une menace majeure pour la santé publique dans le monde. Cependant, aucune étude ne s'est intéressée aux facteurs de risque associés à la pharmacorésistance en Ontario, une province où les immigrants présentent un profil caractéristique. Nous avons évalué les facteurs de risque démographiques et cliniques associés à la TB pharmacorésistante chez les patients traités au Centre de santé West Park situé à Toronto, en Ontario (Canada). Méthodes : Tous les patients chez qui l'on a diagnostiqué la TB et qui ont été traités au Centre de santé West Park entre janvier 2010 et décembre 2016 ont été pris en compte dans cette étude de cohorte rétrospective. Les caractéristiques des patients atteints d'une TB monorésistante à l'isoniazide (R-INH) et d'une TB multirésistante (MR) ont été comparées à celles des patients atteints d'une TB pharmacosensible à l'aide d'une régression logistique bivariée et multivariée. Résultats : Les facteurs de risque associés à la TB R-INH étaient l'appartenance à un groupe d'âge plus jeune (moins de 35 ans), l'existence d'antécédents de traitement de la TB, l'absence de diabète et la naissance dans un pays situé ailleurs qu'en Asie du Sud-Est, mais seuls les deux derniers facteurs étaient significatifs dans l'analyse multivariée. En revanche, nous avons constaté que l'appartenance à une génération plus jeune (moins de 65 ans), la naissance dans la région européenne, l'arrivée récente au Canada (moins de 120 mois), l'existence d'antécédents de traitement et l'infection par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) étaient associés à la TB-MR et que, parmi ces facteurs, l'appartenance à un groupe d'âge plus jeune (moins de 35 ans), l'immigration plus récente (moins de 24 mois), l'existence d'antécédents de traitement et l'infection par le VIH étaient significatifs dans l'analyse multivariée. Conclusion : Ces résultats pourraient être utiles aux cliniciens de la province spécialisés dans la tuberculose, car ils contribuent à éclairer l'antibiothérapie empirique qu'ils prescrivent dans l'attente des résultats de l'épreuve de sensibilité phénotypique aux médicaments, et à faciliter la prise d'une décision quant à la nécessité de demander ou non une épreuve moléculaire rapide de sensibilité aux médicaments.