Résumé
Introduction
Certaines différences de profils épidémiologique, clinique, paraclinique et évolutif de la myasthénie auto-immune (MAI) sont de plus en plus décrites chez les patients selon les origines géographiques. La présente étude a été réalisée afin de caractériser le profil sociodémographique, clinique et paraclinique de la MAI à Ouagadougou, au Burkina Faso.
Patients et méthodes
C'est une étude transversale, descriptive, réalisée dans les structures de santé de Ouagadougou (Burkina Faso), sur une période de 5 ans 6 mois, de mars 2015 à septembre 2019. L’étude a concerné tous les patients qui avaient une symptomatologie clinique évocatrice de myasthénie, associée à la présence dans le sérum d'anticorps (Ac) anti-RACh et/ou d'Ac anti-MuSK et/ou la présence d'un décrément >10% en électroneuromyographie et/ou un test thérapeutique positif aux anticholinesthérasiques oraux. Les données sociodémographiques, cliniques et paracliniques, ont été analysées.
Résultats
En tout 25 patients, soit 15 femmes (60%) et 10 hommes (40%), ont été colligés. La forme de l'adulte jeune avec 20 cas (80%) était prédominante. Le délai médian entre les premiers symptômes et le diagnostic était de 26 mois (2 - 217 mois). Une diplopie et/ou un ptosis (80%) et une dysphonie (72%), étaient les présentations cliniques révélatrices les plus fréquentes. À l'admission, 7 patients (28%) avaient une forme généralisée modérée (classe de la
Myasthenia Gravis Foundation of America
(MGFA) III) et 9 patients (36%) avaient une forme généralisée sévère à très sévère (classe mgFA IV à V). Les dosages plasmatiques des Ac ont été réalisés chez 17 patients (68%): les Ac anti-RACh étaient positifs chez 11 patients (64,7%) et les Ac anti-MuSK chez 3 patients (14,3%). La TDM thoracique a objectivé une hyperplasie du thymus chez 12 patients (48%), un thymome chez 5 patients (20%). Une hyperthyroïdie était observée chez 2 patients (8%).
Conclusion
La MAI à Ouagadougou, au Burkina Faso est marquée par un retard diagnostic, une prédominance chez la femme jeune, des formes généralisées sévères et une fréquence élevée des Ac anti-MuSK plasmatiques. Ce profil semble différent de celui des patients d'origine caucasienne. Des études collaboratives dans la région subsaharienne sur la MAI en populations générales sont nécessaires.