L'intégration des dispositifs numériques par les médias audiovisuels, et notamment par la télévision, s'accompagne de mutations importantes dont l'une est la multiplication des services de visionnement à la demande (VàD) qui joue aujourd'hui un rôle important dans la production, la circulation et la réception des contenus audiovisuels. Cet article analyse les transformations qui émergent avec ce phénomène de plateformisation. Si les plateformes de VàD favorisent la production et l'accès à une plus grande diversité de contenus, offrant une plus grande inclusivité en matière de formats et de représentations, la guerre des services de VàD contribue aussi à l'établissement d'un oligopole qui menace l'expansion d'autres acteurs de l'audiovisuel et pourrait, en fin de compte, limiter la diversité des contenus offerts dans les prochaines années. Du côté des publics, les discours et dispositifs des plateformes favorisent de nouvelles pratiques de visionnement et d'engagement, ouvrant à certaines formes d'autonomie et de participation. Toutefois, les stratégies de fidélisation dans lesquelles s'engagent les grandes plateformes de VàD (offre abondante et sans cesse renouvelée de contenus en partie exclusifs) contribuent à cadrer les pratiques de consommation et limitent la découvrabilité des contenus audiovisuels. Cette accélération de l'offre qui incite à une consommation rapide des contenus audiovisuels suscite aussi du côté des publics une certaine anxiété, un désir de décélération et un sentiment nostalgique. Ce sentiment, nettement exploité par les acteurs du secteur audiovisuel, en particulier les grands services de VàD, pourrait apporter un regard réflexif et offrir des pistes pour envisager l'audiovisuel de demain.Mots clés.médias audiovisuels, nostalgie, plateformes de vidéo à la demande (VàD), télévision, usages 315