Les années récentes ont vu émerger, avec l'arrivée d'essais thérapeu-tiques portant sur de possibles « disease modifying drugs (DMD) », le besoin d'un diagnostic précoce et fiable de patients atteints d'une maladie d'Alzheimer (MA) à un stade très précoce, prédémentiel ou prodromique. Certains moyens nouveaux, comme le marquage céré-bral in vivo des lésions de la maladie (imagerie PIB ou FDDNP), ou la quantification de biomarqueurs du LCR ou encore l'IRM volumé-trique, apportent une aide au diagnostic d'une excellente sensibilité et spécificité. Toutefois, les agences régulatrices comme la FDA aux États-Unis ou l'EMA en Europe demandent qu'un DMD démontre à la fois un effet sur le processus physiopathologique (au travers d'éventuels biomarqueurs) de la maladie et un effet clinique significatif de ralentissement de cette dernière. L'utilisation d'outils d'évaluation clinique et notamment cognitifs demeure donc une nécessité absolue. Or, si le recul du temps a permis de déterminer les outils les plus efficients pour le diagnostic d'une MA à un stade de démence avérée, il n'en est probablement pas de même pour l'évaluation au stade prodromique, qu'il s'agisse d'une évaluation à visée diagnostique ou d'une évaluation à visée de suivi thérapeutique. L'échec de nombreuses études pharmacologiques récentes peut certainement être interprété, au moins partiellement, à la lumière d'une inadéquation des outils choisis. Ce chapitre propose une réflexion critique sur les outils neuropsychologiques proposés dans ce cadre. Une des difficultés majeures, on le verra, est issue du cadre conceptuel et nosologique qui a été utilisé pour une majorité d'études, à savoir le Mild Cognitive Impairment (MCI