Le mouvement Occupy Wall Street, depuis ses débuts en 2011, a été relié à la théorie et à la pratique anarchiste par différents universitaires tels que David Graeber, Nathan Schneider et Mark Bray. Cependant, Occupy n’est pas un cas isolé dans l’histoire des mouvements sociaux. Le mouvement s’est développé à un moment où les manifestations des courants anti-néolibéral et pro-démocratie — à la fois locales et mondiales —, qui étaient apparues à la fin du XXe siècle, ont atteint un point culminant. En quelques années, des manifestations, des révoltes et des protestations sociales se sont répandues à travers le monde, au Nord comme au Sud. Cela va des printemps arabes en 2011 au mouvement de Gezi Park en 2013, en passant par les protestations en Grèce, le mouvement des Indignés et Occupy Wall Street. Cet article s’intéresse à la présence d’idées et de pratiques anarchistes au sein de ces mouvements, apparus au début des années 2010. Il s’appuie sur des études qui portent sur les aspects politico-économiques de ces mouvements. On pose comme hypothèse que si l’anarchisme est lié aux mouvements des années 2010 c’est au travers de ses valeurs et de ses pratiques politiques et économiques. En effet, la période qui précède les mouvements des années 2010 – –qui s’étale du milieu des années 1990 jusqu’en 2010 – a vu le développement des mouvements anti-néolibéral, altermondialiste et pro-démocratie. Ainsi, le point de contestation central qui caractérise ces mouvements – que l’on qualifiera de mouvements de la 3e vague – est donc bien politico-économique. Les études empiriques utilisées comme base de travail pour cet article ne montrent pas toutes de façon explicite le lien qui existe entre ces mouvements et l’anarchisme, mais elles révèlent cependant l’usage de pratiques politiques et économiques alternatives qui peuvent être considérées comme anarchisantes – proches des idées anarchistes sans le mentionner clairement. La présence d’idées et de pratiques anarchistes au sein des mouvements des années 2010 montre ainsi un lien avec la réémergence de l’anarchisme, sous la forme du post-anarchisme, depuis le milieu des années 1990 et dont le développement est étroitement lié au mouvement altermondialiste. Sous cette nouvelle forme, l’anarchisme a tendance à s’éloigner de son passé violent du XIXe siècle. Ainsi, même si l’anarchisme n’est pas mentionné comme tel dans la presse grand public, il existe au travers de nouveaux mouvements tels que l’alter-mondialisme et les expériences de démocratie directe.