Cet article se propose de lire la pièce Bell in Campo (1662) de Margaret Cavendish à la lumière du traité de Pierre Le Moyne, La Gallerie des femmes fortes (1647). Il montre de quelle manière ce traité à la gloire des femmes éclaire la mise en scène ambiguë de l’héroïsme féminin dans Bell in Campo. Comme le jésuite français, Cavendish utilise les exploits de femmes à la fois pour mettre en évidence les enjeux de l’émancipation féminine et pour donner forme à ses propres réflexions politiques et anthropologiques. Afin d’analyser ce double regard porté sur le genre et la politique, l’article étudie successivement la crise de l’éthos héroïque, la construction du personnage de la guerrière, et les différentes interprétations possibles du triomphe de Lady Victoria. Il montre enfin que dans le contexte incertain de la Guerre Civile, il est possible de comprendre l’héroïsme féminin de Lady Victoria comme une défense des valeurs royalistes et aristocratiques.