Le secteur agricole constitue une activité importante au Maroc, représentant 14 % du produit national brut et employant 40 % de la population active. Avec l’émergence de la pandémie de la Covid-19, il a été ébranlé par des incertitudes économiques et par la distanciation physique qui a accentué les contraintes du travail. Toutefois, l’agriculture s’est imposée comme une activité cruciale, puisqu’elle a continué à assurer l’approvisionnement alimentaire à des prix abordables. La pandémie, qui s’est déclarée en une année très sèche, a offert une opportunité pour réviser les principales contraintes auxquelles fait face le secteur agricole : manque d’eau et faible rémunération du travail. Elle a aussi attiré l’attention de l’opinion publique sur les quantités importantes de denrées vivrières importées. La balance des paiements des produits alimentaires demeure négative, malgré des exportations de produits agricoles mises en relief par le discours officiel. En outre, des études récentes ont montré que ces dernières dépendent avant tout d’usages accrus et souvent déraisonnables d’eau souterraine, malgré les subventions à la conversion des systèmes d’irrigation gravitaire vers le goutte-à-goutte. Des suivis d’exploitations ont démontré que ces subventions ont généré une expansion de la surface irriguée avec des cultures à besoins hydriques élevés. Cette situation doit être considérée comme l’opposé de l’objectif recherché : une amélioration de la valorisation de l’eau. Il faut donc reconnaître que l’agriculture de l’ère post Covid-19 devra être différente. Un changement de paradigme doit s’opérer où la valorisation de l’eau pluviale figurera dans les priorités, de concert avec la souveraineté alimentaire. Il doit englober différentes dimensions, comme la préservation de l’environnement, le développement du monde rural et de systèmes alimentaires durables, mais aussi garantir l’inclusion sociale et de meilleures rémunérations du travail agricole, afin d’assurer son attractivité et réduire l’exode rural.