Dans le contexte chinois, les contacts présents et passés entre plusieurs traditions médicales ont transformé le système de santé et de soins ainsi que l’éthique médicale. Les idées, pratiques et expériences liées à la santé donnent à voir un paysage pluriel redessiné au gré d’influences diverses. Résultant également de ces échanges et recompositions multiples, l’éthique révèle des caractéristiques héritées de la tradition chinoise et d’autres traditions auxquelles s’ajoutent des éléments qui reflètent un ordre, un droit et des normes internationales. Dans la Chine post-maoïste (Ère de la Réforme, post-1979), les sciences médicales se développent dans le cadre plus large de la transition économique et sociale tandis que, à partir des années 2000, la Chine devient progressivement un acteur performant en R&D, recherche technologique et en sciences fondamentales. Pour notre propos, deux formulations de principes éthiques, l’une datant de la période de la Chine impériale tardive, l’autre des années 1980, ont été sélectionnées. Elles révèlent toutes deux des « tournants historiques » de l’éthique médicale, de la médecine et du domaine plus étendu de la santé s’inscrivant en cohérence avec des transformations drastiques de la société chinoise incluant celles de valeurs et de normes. Le chapitre est organisé en trois sections : les deux formulations de principes et leurs significations situées sont discutées au prisme des changements et des rencontres. La situation de l’éthique de la médecine chinoise ainsi que le processus de co-construction des connaissances à ce sujet, sont examinés dans le contexte d’une Chine qui se globalise plus rapidement à partir des années 2000. Afin de faciliter la compréhension du lecteur, les principes des deux formulations analysées dans les deux premières sections sont énumérés à la fin du chapitre.