“…Mais ce n'est pas la leçon d'une mort héraclitéenne, d'une mort qui nous emporte au loin avec le courant, comme un courant. C'est la leçon d'une mort immobile, d'une mort en profondeur, d'une mort qui demeure avec nous, près de nous, en nous68 .On peut dire que le contact avec le monde souterrain, par-delà la frontière que constitue la barrière des eaux, est bien, pour Virgile, « méditation sur la mort » et leçon de pietas envers les défunts : la transition entre le passé, le présent et l'avenir se fait par leur intermédiaire à eux, eux qui restent « avec nous, près de nous, en nous » 69 . Une fois mort, Anchise continue de conseiller Énée dans ses songes et lui demande de venir le voir aux Enfers pour passer le témoin à son fils et lui dire son avenir -comme Tirésias avec Ulysse -; Er également, un vivant pris pour mort, joue le rôle d'intermédiaire entre les deux conditions.60 Une autre présence de l'eau dès l'entrée des enfers est à signaler, avec les porteuses d'eau/Danaïdes tenant des hydries, motif récurrent comme marqueur important de l'espace souterrain : « La représentation des Danaïdes permet aux imagiers [italiotes] d'insister sur la nature intermédiaire de l'espace de ces représentations » selon Bièvre-Perrin 2022, §8 ; voir aussi Pensa 1977, p. 40-42, pour la nature ambiguë de leur eau, de vie et de mort ; et, pour une étude d'ensemble, Keuls 1974.…”