L’étude des carrières criminelles a permis, jusqu’à présent, d’identifier les mécanismes qui conduisent un individu à commettre des crimes. Or s’il est connu que la grande majorité des contrevenants cessent un jour leurs activités criminelles (en référence à la courbe de la criminalité), ce n’est qu’au cours des dernières années que les chercheurs se sont intéressés à la dernière phase de ces carrières criminelles : soit le moment où elles se terminent. Si l’on connait un peu mieux comment les incarcérés et les probationnaires se désistent du crime, aucune étude portant sur le désistement du crime des sursitaires n’a pu être répertoriée. En outre, on retrouve dans la littérature trois principales théorisations du processus de désistement, mais aucune ne fait consensus. À partir des limites inhérentes aux théories existantes, cet article propose un nouvel angle conceptuel permettant d’appréhender le désistement du crime. Par la suite, il s’agit d’illustrer de quelle manière la confrontation de ce nouveau cadre conceptuel aux données qualitatives recueillies auprès de 29 sursitaires québécois permet de mettre en exergue trois processus distincts (le converti, le repentant et le rescapé) qui conduisent à l’arrêt des comportements criminels.