La question de l'éclairage urbain nocturne est posée publiquement de manière de plus en plus significative, d'abord aux États-Unis puis en Europe. Cantonnée à l'origine au domaine de l'astronomie, cette question pose problème dans différents secteurs : l'environnement, la santé, l'urbanisme, mais aussi et surtout l'énergie… En croisant une approche sociologique avec une approche géographique, les auteurs font le récit d'une controverse environnementale aboutissant, en France, à l'inscription de la notion de pollution lumineuse dans la loi Grenelle et questionnent sa dimension spatiale. Ils montrent les différentes logiques et interprétations, à l'oeuvre autour de la distinction entre « pollution » et « nuisance » lumineuses, qui traversent les scènes de négociation sur les processus de normalisation et la mobilisation d'outils de zonage.Résumé -Cet article explique la naissance d'un problème environnemental, la pollution lumineuse, appréhendé comme une controverse sociotechnique. Sur une quarantaine d'années, en appui sur la démarche de l'acteur réseau, il retrace les conditions de son émergence, de sa transformation et de sa diffusion aux échelles locales, nationales et transnationales, traversant différents champs professionnels et disciplinaires. Sa mise à l'agenda politique débouche sur des décisions institutionnelles qui peinent à le saisir dans toutes ses dimensions sociale, scientifique et spatiale. La dissémination spatiale de la controverse dans les zonages et le processus de normalisation apparaît alors comme une réponse régulatrice partielle et segmentée à ce problème.Abstract -Reconciling urban lighting and the nocturnal environment: the issues of a sociotechnical controversy. Our paper explains the birth of an environmental problem, i.e. light pollution, viewed as a socio-technical controversy. Supported by the actor-network approach, it traces over forty years the conditions of its emergence, transformation and dissemination to local, national and transnational levels and through various professional disciplines. Schematically, "environmentalists" uphold a holistic approach of "nocturnality" and define artificial light as a pollutant. Facing them, the "technicist" defends a segmented approach and defines artificial light as a nuisance. The introduction of this controversy into the political agenda leads to institutional decisions that grasp with difficulty all its social, scientific and spatial dimensions. The spatial spread of the controversy in the zoning and standardization process appears as a partial and segmented regulatory response to this problem.