“…Pour les tenants de la grammaticalisation au sens étroit (notamment, mais sans exclusive, Erman & Kotsinas 1993, Aijmer 1997, Moreno Cabrera 1998, Erman 2001et indirectement Waltereit 2006, la notion de grammaticalisation désigne le résultat d'une évolution où une unité -lexicale ou peu grammaticale -développe des emplois hautement grammaticalisés, pouvant conduire jusqu'aux emplois de morphèmes liés (de temps, de mode, d'aspect etc.). Par rapport à l'unité source, l'unité cible se caractérise alors par trois traits, repérés et modélisés par Lehmann (1995) : i) perte de poids (au sens paradigmatique de perte de la consistance phonétique et/ou accentuelle mais aussi au sens syntagmatique de réduction de la portée) ; ii) perte d'autonomie (qui, au plan paradigmatique, peut se traduire par l'intégration de l'unité dans un paradigme et qui, au plan syntagmatique, se réalise sous des formes variées, allant de la simple cohésion syntagmatique à l'agglutination en passant par la coalescence et la cliticisation), iii) perte de variabilité (au sens paradigmatique où l'emploi de l'unité, naguère facultatif, devient obligatoire, mais aussi au sens syntagmatique de perte des flexions en tout genre, en nombre, en personne, en genre ou encore en temps notamment).…”