Contexte Créée en 2004, la Chaire Eli Lilly Canada de recherche en schizophrénie a été financée par la compagnie Eli Lilly, l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal, l’Hôpital Sacré-Coeur et le Centre hospitalier de l’Université de Montréal. L’objectif du présent article est d’effectuer un survol historique des activités scientifiques de la Chaire depuis sa création.
Méthode Afin de procéder à ce compte-rendu historique, nous avons adopté une approche bibliométrique. Nous avons effectué une fouille dans PubMed de tous les articles publiés par l’un et/ou l’autre des titulaires de la Chaire depuis sa création en 2004. Une fois les articles identifiés, nous avons comptabilisé toutes les fois que ces articles ont été cités dans la littérature. Ce décompte a été effectué à l’aide de Google Scholar. Nous avons également fait le décompte des principaux thèmes abordés dans ces articles. Comme grille d’interprétation des travaux scientifiques, nous avons adopté une perspective externaliste.
Résultats Depuis sa création en 2004, la Chaire a publié un total de 295 articles scientifiques, lesquels ont été cités 12 892 fois. Les principaux thèmes abordés dans ces articles sont la cognition, la neuroimagerie et les antipsychotiques, suivis de la toxicomanie, les interventions psychosociales et la résistance au traitement. Les articles les plus influents ont montré la présence d’un syndrome inflammatoire, des difficultés du sommeil dans la schizophrénie, en plus de corroborer l’hypothèse de la saillance aberrante de la psychose, de réfuter l’hypothèse de la latéralisation du langage dans la schizophrénie, et d’établir des liens entre le traitement antipsychotique et la COVID-19.
Discussion D’une perspective externaliste, l’évolution des travaux de la Chaire a été influencée par d’importants facteurs externes à la logique de la découverte scientifique, soit la commercialisation de plusieurs antipsychotiques au cours des années 1990-2000, la relative démocratisation de la neuroimagerie au cours des années 2000-2010, la légalisation du cannabis à des fins récréatives en 2018 au Canada et l’essor de la santé numérique – notamment la réalité virtuelle – au cours de la dernière décennie. En contrepartie, l’intérêt porté à la neurobiologie des comportements violents et la tendance à publier dans des revues francophones sont des tendances ne cadrant pas avec les tendances sociales en cours. L’article se conclut par une réflexion sur la nature du concept de la psychose.