> Le tissu adipeux est fréquemment retrouvé à proximité des cancers invasifs, en particulier dans le cancer du sein. Parmi les cellules qui le composent, les adipocytes matures, du fait de leur activité sécrétoire, sont hautement susceptibles d'influencer l'agressivité tumorale. Après avoir montré au lecteur les différences fonctionnelles qui existent entre les dépôts du tissu adipeux selon leur localisation anatomique, nous décrirons les modifications phénotypiques spécifiques des adipocytes entourant les tumeurs, cellules que nous avons appelées CAA pour cancerassociated adipocytes. Les CAA, via la sécrétion de cytokines pro-inflammatoires, de protéines de la matrice extracellulaire et le remodelage de cette dernière, ainsi que via la libération d'acides gras libres, stimulent la progression tumorale et la résistance aux traitements. Un dialogue bidirectionnel s'établit donc entre adipocytes et tumeur, dialogue qui pourrait être amplifié dans des conditions d'obésité et, ainsi, expliquer le mauvais pronostic observé chez ces patients. < croissance et la dissémination de la tumeur. L'importance dans ce processus des fibroblastes associés au cancer (CAF pour cancer-associated fibroblast) ou encore des macrophages (TAM pour tumor-associated macrophage) a été clairement décrite [2,3]. Les cellules qui composent le tissu adipeu sont aussi fréquemment retrouvées à proximité des tumeurs, en particulier dans le cancer du sein où elles sont un des composants majoritaires du stroma tumoral. Leur rôle a été longtemps ignoré, mais l'augmentation du nombre d'études les concernant souligne l'intérêt croissant de la communauté scientifique pour cette nouvelle facette du micro-environnement tumoral. Pourquoi s'intéresser au tissu adipeux et, plus particulièrement, aux adipocytes matures ? Ces dernières années, il a été montré que les adipocytes n'étaient pas de simples réservoirs d'énergie, mais des cellules endocrines capables de sécréter une grande variété de molécules (appelées adipokines), incluant des hormones, des facteurs de croissance, des chimiokines ou des molécules pro-inflammatoires, sécrétions dont le profil est modifié dans des conditions d'obésité [4]. Ce profil sécré-toire fait donc des adipocytes d'excellents candidats pour influencer le comportement des tumeurs. Le lien clairement établi entre obésité et cancer renforce l'intérêt d'étudier le rôle des adipocytes matures dans la progression tumorale. En effet, des études épidémiologiques ont maintenant montré de façon convaincante que l'obésité est associée à une augmentation de la mortalité par cancer [5]. Ces données ont des conséquences majeures en termes de santé publique, puisque le surpoids et l'obésité sont en augmentation constante dans le monde, et que leur prévalence atteint maintenant des dimensions alarmantes. En effet, l'Organisation mondiale de la santé prévoit qu'en 2015, trois milliards d'adultes dans le monde seront en surpoids, et 700 millions seront