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La composante génétique des maladies inflammatoires du tube digestifLes maladies inflammatoires du tube digestif (MITD) sont des affections relativement fréquentes de l'adulte jeune dont la prévalence estimée est supérieure à 1/1 000 dans la population générale [1]. Elles sont caracté-risées par une inflammation chronique de l'intestin [2,3]. Deux entités anatomo-cliniques principales peuvent être distinguées : la rectocolite hémorragique et la maladie de Crohn (Tableau I). Si, le plus souvent, le diagnostic différentiel entre maladie de Crohn et rectocolite hémorra-gique, est facile, il faut cependant noter que dans près de 10 % des cas, la classification reste difficile. Dans ces désordres, les cellules immunitaires de la muqueuse digestive malade sont activées et leur nombre augmenté. La réponse humorale associe une augmentation de la concentration des IgG, des anomalies de production des IgA et la synthèse d'autoanticorps. L'activation des cellules T entraîne une importante production de nombreuses cytokines, responsable, entre autres, du recrutement et de l'activation des cellules phagocytaires (pour revue voir [3,4]). Ces manifestations sont considérées comme le reflet d'une répon-se anormale du système immunitaire épithélial à une stimulation antigé-nique locale. Cependant, malgré une connaissance de plus en plus détaillée des lésions, le mécanisme inaugurant la survenue de l'inflammation reste hypothétique [5]. Plusieurs agents infectieux spéci-fiques ont été suspectés. Le rôle des mycobactéries dans la maladie de Crohn a été initialement évoqué devant la ressemblance entre cette dernière et deux maladies : la tuberculose intestinale humaine et la maladie de Johne des bovins (due à Mycobacterium paratuberculosis). Des mycobactéries ont pu être isolées de tissus lésés à plusieurs reprises, mais cet isolement est inconstant et les essais thérapeutiques à visée antibactérienne décevants [6,7]. Plus réce-ment, l'hypothèse d'une infection par le virus de la rougeole dans la maladie de Crohn a été avancée. Deux observations sont en accord avec cette hypothèse : la présence du virus morbilleux dans les lésions intestinales [8] et l'augmentation du risque de développer une maladie de Crohn chez les sujets vaccinés contre la rougeole [9]. Enfin, le rôle d'antigènes intraluminaux non spécifiques de la flore résidente de l'intestin a été évoqué devant l'influence du flux fécal dans le déclenchement des poussées de la maladie. A côté de l'implication d'agents de l'environment dans la maladie, l'existence de facteurs endogènes est probable. Une augmentation de la perméabilité intestinale reste débat-tue pour la maladie de Crohn. En réalité, la distinction entre anomalies primitives et secondaires est extrê-mement difficile. En effet, l'équi-libre immunitaire au niveau de la muqueuse résulte de l'interaction constante entre les antigènes intraluminaux, les cellules épithéliales, les lymphocytes intraépithéliaux et ceux du chorion. Ainsi, par exemple, une augmentation de la perméabilité intestinale peut aussi bien ...