Le cancer du sein inflammatoire est une pathologie rare, mais représente la forme la plus agressive des cancers du sein localement avancés. Ses caractéristiques sont une rapide progression, un haut pouvoir angiogénique et angio-invasif, pouvant expliquer son fort potentiel métastatique et le taux élevé de récidives locorégionales.Bien que la survie de ces patientes se soit améliorée en grande partie grâce à une approche thérapeutique combinée, elle reste cependant très faible en comparaison avec celle des autres types de cancers du sein.
HistoriqueHistoriquement, le cancer du sein inflammatoire a été décrit pour la première fois par Sir Charles Bell (1), en 1814, dans un ouvrage intitulé A System of Operative Surgery : « when a purple color is on the skin over the tumor accompanied by shooting pains, it is a very unpropitious beginning ».Cette maladie si particulière a été nommée de différentes façons au cours des décennies (Von Volkman et Brust (2) en 1875 ; Schumann (3) en 1911), telles que mastite carcinomateuse (Klotz (4) en 1869), carcinome mammaire aigu (Leitch (5) en 1909, Learmonth (6) en 1916), carcinome squirrheux aigu, carcinomatose mammaire aiguë ou encore cancer de la lactation.La première série de cas rapportés fut celle de Schumann (7) en 1911, désignée sous le nom de « carcinoma mastitoides » mais ce sont Lee et Tannenbaum ( 8) qui ont été les premiers à utiliser le terme de « cancer du sein inflammatoire » et ils publient en 1924 une description clinique claire de ce cancer, concluant alors qu'il s'agit d'une forme unique, agressive et fatale de cancer du sein pouvant affecter la Cancer du sein inflammatoire C. Tarpin et P. Viens femme à n'importe quel âge et pas seulement les femmes en situation de lactation comme cela avait été suggéré par certains auteurs au début des années 1900.Ils seront bientôt suivis par Taylor et Meltzer (9) en 1938 qui décriront la condition clinique du cancer du sein inflammatoire comprenant une augmentation de taille, un caractère souvent diffus, une couleur rouge ou rouge-pourpre et un aspect infiltré.Leur description sera reprise et mieux évaluée par Haagensen (10) en 1971 sur une série de 89 cas où les auteurs retrouvaient une masse tumorale, un érythème, chacun dans 57 % des cas, une augmentation de volume du sein dans 48 % des cas, une douleur (29 %), une tension mammaire (16 %), un oedème cutané (13 %), une tumeur axillaire (9 %), une chaleur cutanée (8 %).
ÉpidémiologieLe cancer du sein inflammatoire représente 1 à 6 % des cancers du sein dans les pays occidentaux, c'est une pathologie rare mais elle est plus fréquente en Afrique du Nord (en Tunisie, environ 50 % des cancers du sein sont décrits comme des cancers inflammatoires) (11).Dans une mise à jour épidémiologique récente du SEER, l'augmentation de son incidence a été confirmée (12).La survenue à un âge précoce par rapport à d'autres formes de cancer du sein est une caractéristique confirmée par plusieurs études (13-16). L'âge moyen de diagnostic varie entre 45 et 57 ans, soit à peu près une dizaine d'ann...