Les cartes et les fi gures de cet ouvrage ont été éditées par Arnaud LEPETIT, ingénieur d'études au laboratoire RESO, UMR 6590 CNRS, Espaces et sociétés (ESO).
DE LA JUSTIFICATIONLe colloque de Rennes a été organisé à un moment où, alors même qu'il est fréquemment annoncé que les objets et les principes de la géographie sociale sont largement partagés, plusieurs publications ont fait état de critiques à l'égard de ce courant de la géographie qui, dans le même temps, connaît une nouvelle dynamique, tout particulièrement dans son bastion de la France de l'Ouest. Le premier des trois textes critiques à l'égard de la géographie sociale française des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix que nous retiendrons est celui de Christine Chivallon qui, dans une présentation générale des géographies sociale et culturelle en France, fait état d'un décalage entre les ambitions du projet de géographie sociale et ses résultats. L'auteure attribue ce décalage à l'insuffi sance de distanciation d'avec les pratiques de la géographie classique, et notamment au manque de critique par rapport à la production de cartes. Pour elle, la géographie sociale aurait trop investi dans des démarches de types « atlas » au détriment de l'approfondissement du projet théorique de 1984 qui supposait une réelle orientation vers les autres sciences sociales (Chivallon, 2003, p. 648). Laurent Cailly, pour sa part, présente la géographie sociale comme prédatrice ou empirique, mais toujours incapable d'articuler théorie et terrain : « À lire les recherches qui se réclament encore explicitement de la géographie sociale (au sein desquelles dominent toujours celles issues des universités de l'Ouest de la France), on peut se demander si, d'une part, l'infl ation des discours spéculatifs et éclectiques, sans grands travaux de validation empiri-6. Cf. par exemple les textes d'Isabelle DANIC, Sandrine DEPEAU, Régis KEERLE dans ESO -Travaux et Documents de l'UMR 6590, n° 25, décembre 2006. 8. Expression utilisée par Roger Brunet en 1986 pour désigner les lieux qui étaient alors les plus impliqués, ou plus exactement les chercheurs les plus investis, dans l'essor de la géographie sociale, en l'occurrence des géographes de Caen, Lyon, Pau. 9. La géographie sociale n'est-elle pas un mode de pensée scientifi que qui ne peut se satisfaire de quelque dogmatisme que ce soit ?