Les parcs nationaux français cherchent désormais à protéger les interactions sociales et naturelles qui produisent leurs paysages. Les lisières sont un exemple d’entités du paysage mêlant de multiples dimensions. Elles forment une mémoire environnementale de la forêt en révélant des pratiques et usages très divers d’un même espace rural. De façon contemporaine, les lisières sont également un enjeu des politiques de la continuité écologique ou des préoccupations de cohabitation. En s’appuyant sur le terrain du Parc national de forêts, créé en 2019, un atelier d’enquête composé d’étudiants a voulu questionner de façon sensible l’écologie sociale des lisières agroforestières pour les acteurs de la protection de la nature. Premièrement, la sémantique autour des lisières fait apparaître un vocabulaire de l’esthétisme qui révèle des préoccupations et propriétés spécifiques à ces lieux. Deuxièmement, la lisière est paradoxalement un espace remarquable pour certains acteurs mais complètement inexistante et invisible pour d’autres. Enfin, ces lieux ou non-lieux retracent de façon dynamique les mémoires environnementales des forêts et de leurs usages sur ces territoires.