Key words: lipid preference, feeding behaviour, addiction, health Physiologiquement, le comportement alimentaire résulte de l'intégration de signaux multiples (nerveux, hormonaux, métaboliques) convergeant vers des zones spécifiques du système nerveux central pour y être intégrés. Ces informations d'origine nutritionnelle conditionnent à la fois le choix des aliments à consommer (préférence ou aversion) et les déterminants de la prise alimentaire : initiation (faim), durée (rassasiement) et intervalle entre les repas (satiété). Les régulations homéostati-ques mises en jeu sont donc essentielles pour adapter les apports caloriques aux besoins énergétiques de l'organisme. En fait, la composition chimique des aliments est perçue par l'intermédiaire d'informations précoces d'origine somesthésique, olfactive et gustative déclenchées dès la mise en bouche de l'aliment et de signaux neuroendocrines et métaboli-ques plus tardifs d'origine post-ingestive puis post-absorptive. C'est notamment le cas des lipides alimentaires (figure 1) dont l'implication dans le contrôle du comportement alimentaire fait l'objet d'une recherche soutenue. En effet, on sait qu'une consommation lipidique excessive et déséquilibrée (trop de graisses saturées et de cholestérol, rapport x6 /x3 trop élevé) joue un rôle non négligeable dans l'augmentation de la prévalence des pathologies de plé-thore (obésité, diabète de type 2, athérosclé-rose, hypertension, cancers). Pourquoi les lipides alimentaires sont-ils si attractifs ? Comment régulent-ils la prise alimentaire ? Peut-on parler d'une addiction aux lipides ? Ces questions soulevées par les travaux récents seront abordées dans cette mini-revue.
La génétique influence-t-elle la préférence pour les lipides ?La préférence pour les lipides est un phéno-mène commun à différentes espèces du règne animal. Ainsi, l'Homme et les rongeurs (rat, souris) présentent une préférence spontanée pour les lipides alimentaires [1][2][3]. D'anciennes données ont établi que les sujets obèses auraient une préférence accrue pour les aliments riches en graisses par rapport aux personnes minces [4,5]. Ces travaux suggèrent qu'une différence de sensibilité dans la perception des lipides alimentaires pourrait contribuer à l'apparition de ces troubles. On peut se demander quelle est la part de l'inné par rapport à l'acquis dans ce phénomène. Des travaux récents de notre laboratoire indiquent que des facteurs génétiques y jouent un rôle fondamental chez la souris. Pendant longtemps on a considéré que seules la texture et l'olfaction étaient impliquées dans la préférence spontanée pour les lipides chez le mammifère. Des travaux récents réalisés chez le rongeur indiquent que le goût jouerait un rôle important dans ce comportement (voir les articles publiés dans OCL [6,7]) ouvrant ainsi la perspective de l'existence d'un système de récepteur pour les graisses.La perception des saveurs s'effectue par le biais de cellules réceptrices spécialisées (taste receptor cells, TRC) localisées dans les bourgeons du goût des papilles gus...