“…Dans leur enquête sur des villages ruraux en Dordogne, emblématique du réinvestissement contemporain des campagnes, Vincent Banos et Jacqueline Candau (2014) ont bien montré que les catégories sociales les plus modestes y sont marginalisées en raison de l'emprise grandissante des requalifications patrimoniales et écologiques sur ces espaces, revendiquées ou soutenues par des populations exogènes fortement dotées en capitaux sociaux. La création, en 2012, du Parc National des Calanques -premier parc urbain européen -donne à voir un processus similaire de production d'inégalités environnementales (Chaumel et La Branche, 2008 ;Deldrève, 2015). Dans ce numéro, Cécilia Claeys, Arlette Hérat, Carole Barthélémy et Valérie Deldrève montrent de façon convaincante que la requalification environnementale de ce lieu fréquenté de longue date par des populations locales de milieu populaire, notamment sur ses portes d'entrée, concentre les « efforts urbains » sur des publics qui, jusqu'à la délimitation stricte du Parc, « avaient su jouer de la grande porosité entre espace urbain et espace naturel » -ce qui nourrit chez eux le sentiment d'être dépossédés de leur cadre de vie, après avoir longtemps vécu une situation d'abandon (difficultés d'accès en raison de l'éloignement, déficits d'équipements publics, etc.…”