Entre 2004 et 2021, l'Espagne a été condamnée 12 fois par la CEDH (Cour européenne des droits de l'homme) pour violation de l'article 3 de la Convention européenne pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants. Comment la presse espagnole, en particulier le quotidien El País, a-t-elle accueilli les débats suscités par ces faits ? Pour le dire, nous avons procédé à l'analyse de la composante narrative de deux controverses suscitées par des cas de torture « célèbres » : celui qui a donné lieu à la mort de Joseba Arregui Izaguirre en 1981 et celui d'Igor Portu Juanenea et de Mattin Sarasola Yarzabal, jugé par la CEDH en 2008. L'examen du master narrative de ces deux controverses, présentées par El País, à travers un corpus de 1 215 articles, révèle un travail politique consistant à mobiliser le public en vue du renouvellement de sa confiance dans les institutions du pays plutôt qu'en faveur d'une action auprès du gouvernement pour garantir les droits humains dans les lieux de détention de l'État.