Résumé
Depuis plusieurs années, des études ont démontré que les événements stressants pendant la grossesse affectent le niveau de développement neurologique, de même que le fonctionnement cognitif et psychologique ultérieurs de l'enfant. Par exemple, Mednick (1997) a examiné l'impact d'un important séisme survenu en Chine sur le développement intellectuel et psychologique d'enfants à naître. Vingt-trois ans plus tard, des différences significatives dans le fonctionnement intellectuel, la dépression et la taille de certaines régions du cerveau ont été constatées chez ce groupe en comparaison aux enfants du groupe témoin. Des événements de moindre envergure, tels un divorce ou la perte d'emploi durant la grossesse, peuvent également augmenter l'incidence des complications obstétricales et avoir un impact sur le fonctionnement neurologique du bébé, son poids à la naissance et la circonférence de sa tête. Le décès du père ou l'exposition à un désastre naturel durant la grossesse ont été associés à la dépression, à la schizophrénie et à la criminalité à l'âge adulte. Divers effets adverses reliés aux événements stressants ont aussi été notés chez les primates. L'ensemble de ces études suggèrent que le second trimestre de la grossesse constitue une période critique pendant laquelle les événements stressants peuvent affecter le développement du foetus. Des contraintes méthodologiques nuisent actuellement à la recherche sur le stress prénatal maternel. Les études sur des animaux offrent d'excellents contrôles des environnements prénatal et postnatal. Cependant, les résultats de ces études sont difficilement applicables à l'humain à cause de la présence chez ce dernier, de nombreux facteurs de risque ou de protection absents chez les animaux. De plus, on ne peut assigner les stresseurs de façon aléatoire, dans les études sur les effets des événements de vie pendant la grossesse humaine. En effet, les traits de personnalité de la mère peuvent être transmis certes génétiquement mais également au niveau du développement. Par ailleurs, les enfants d'une mère avec de telles difficultés de personnalité sont exposés à plus d'événements de vie prénatale. D'autre part, la majorité des études sur l'humain ont une variance restreinte car il faut un très vaste échantillon de femmes enceintes pour garantir un nombre suffisant de sujets ayant vécu des événements de vie majeurs. Finalement, les études rétrospectives démontrant un lien entre un risque élevé de schizophrénie ou de dépression et des événements prénataux n'incluent pas de mesures prises sur le champ de la gravité objective ou de la manifestation biologique du stress. Nous présentons ici une revue de littérature portant sur le stress prénatal suivie d'une discussion sur comment la tempête de verglas de 1998 pourrait être utilisée pour faire la lumière sur des questions telles que les mécanismes par lesquels le stress prénatal exerce une influence sur la santé mentale du foetus.