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la fin des années 1990, un indice régional de défavorisation matérielle et sociale a été élaboré pour le Québec. Plus tard, en 2007 et 2008, on l'a étendu à l'ensemble du Canada. L'objectif initial de l'indice était de pallier l'absence d'information socioéconomique dans les bases administratives du secteur de la santé et de décrire, à l'aide de ces bases de données, l'existence et l'ampleur des inégalités sociales de santé. L'indice a été créé, puis développé par des chercheurs du ministère de la Santé et des Services sociaux et de l'Institut de santé publique du Québec. Pour eux, l'indice devait être adapté aux besoins de la recherche, de la planification et des interventions en santé publique. L'indice a été abondamment utilisé au Québec et au Canada au cours de la dernière décennie. Notre intention, dans cet article, est d'en donner une vue d'ensemble en décrivant sa construction et ses nombreux usages. Premièrement, nous présentons le concept, les méthodes et les produits connexes. Deuxièmement, nous soulignons l'adaptation de l'indice aux besoins des utilisateurs. Troisièmement, nous en examinons l'acceptation et l'utilisation. Enfin, nous en décrivons les avantages et les limites, ainsi que les projets en cours qui y sont associés; le tout est suivi d'une brève conclusion. Concept, méthodes et produits apparentés à l'indice Les fondements conceptuels de l'indice de défavorisation trouvent leur origine dans les idées de Peter Townsend 1 , selon qui la défavorisation est « un état de désavantage observable et démontrable par rapport à la communauté locale, à la société ou à la nation à laquelle une personne, une famille ou un groupe appartient » (traduction libre). Selon Townsend, la défavorisation comporte deux dimensions : matérielle et sociale. La première a trait au manque d'accès aux biens et aux commodités de tous les jours (un logement décent, une voiture, un téléviseur), tandis que la seconde exprime la fragilité des réseaux sociaux, de la famille à la communauté. Nos données proviennent des Recensements du Canada de 1991, 1996, 2001 et 2006 et couvrent pratiquement toute la population du Québec et du Canada (±98 % des personnes vivant dans un ménage privé) 2-4. L'unité d'observation est de nature géographique; elle correspond au plus petit secteur statistique pour lequel on dispose de données du Recensement. Cette unité était le secteur de dénombrement (SD) en 1991 et 1996 et l'aire de diffusion (AD) en 2001 et 2006, soit des unités qui comptent en moyenne entre 400 et 700 personnes 5. Sur la base de ces secteurs statistiques, nous avons sélectionné six indicateurs socioéconomiques pour leurs liens connus avec la santé et leurs affinités avec les deux dimensions de la défavorisation (matérielle et sociale) : la proportion de personnes sans diplôme d'études secondaires; le ratio emploi/population; le revenu moyen
la fin des années 1990, un indice régional de défavorisation matérielle et sociale a été élaboré pour le Québec. Plus tard, en 2007 et 2008, on l'a étendu à l'ensemble du Canada. L'objectif initial de l'indice était de pallier l'absence d'information socioéconomique dans les bases administratives du secteur de la santé et de décrire, à l'aide de ces bases de données, l'existence et l'ampleur des inégalités sociales de santé. L'indice a été créé, puis développé par des chercheurs du ministère de la Santé et des Services sociaux et de l'Institut de santé publique du Québec. Pour eux, l'indice devait être adapté aux besoins de la recherche, de la planification et des interventions en santé publique. L'indice a été abondamment utilisé au Québec et au Canada au cours de la dernière décennie. Notre intention, dans cet article, est d'en donner une vue d'ensemble en décrivant sa construction et ses nombreux usages. Premièrement, nous présentons le concept, les méthodes et les produits connexes. Deuxièmement, nous soulignons l'adaptation de l'indice aux besoins des utilisateurs. Troisièmement, nous en examinons l'acceptation et l'utilisation. Enfin, nous en décrivons les avantages et les limites, ainsi que les projets en cours qui y sont associés; le tout est suivi d'une brève conclusion. Concept, méthodes et produits apparentés à l'indice Les fondements conceptuels de l'indice de défavorisation trouvent leur origine dans les idées de Peter Townsend 1 , selon qui la défavorisation est « un état de désavantage observable et démontrable par rapport à la communauté locale, à la société ou à la nation à laquelle une personne, une famille ou un groupe appartient » (traduction libre). Selon Townsend, la défavorisation comporte deux dimensions : matérielle et sociale. La première a trait au manque d'accès aux biens et aux commodités de tous les jours (un logement décent, une voiture, un téléviseur), tandis que la seconde exprime la fragilité des réseaux sociaux, de la famille à la communauté. Nos données proviennent des Recensements du Canada de 1991, 1996, 2001 et 2006 et couvrent pratiquement toute la population du Québec et du Canada (±98 % des personnes vivant dans un ménage privé) 2-4. L'unité d'observation est de nature géographique; elle correspond au plus petit secteur statistique pour lequel on dispose de données du Recensement. Cette unité était le secteur de dénombrement (SD) en 1991 et 1996 et l'aire de diffusion (AD) en 2001 et 2006, soit des unités qui comptent en moyenne entre 400 et 700 personnes 5. Sur la base de ces secteurs statistiques, nous avons sélectionné six indicateurs socioéconomiques pour leurs liens connus avec la santé et leurs affinités avec les deux dimensions de la défavorisation (matérielle et sociale) : la proportion de personnes sans diplôme d'études secondaires; le ratio emploi/population; le revenu moyen
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