Bien que la sélection des étrangers par l’appareil administratif des États joue un rôle crucial pour la structuration des phénomènes migratoires actuels, il existe à ce jour peu d’études qui analysent empiriquement la manière dont de telles procédures fonctionnent et sont vécues lorsqu’elles s’appliquent à des catégories d’étrangers perçus comme « désirables ». La présente recherche tente de répondre à ce manque en proposant une étude de cas ethnographique qui met en lumière l’expérience et l’agentivité des différents acteurs impliqués dans la procédure de sélection des ressortissants non-européens hautement qualifiés cherchant à venir travailler en Suisse. L’analyse montre que l’accès à la mobilité repose sur un ensemble d’interactions complexes qui impliquent non seulement les candidats à l’immigration et les employés d’État, mais également des réseaux d’institutions non-étatiques pour lesquels la mobilité de travailleurs qualifiés représente une source de profit. Ces acteurs facilitent l’accès aux permis de séjour et de travail pour les étrangers dont ils espèrent tirer une plus-value économique. Cependant, ils peuvent également les contraindre à des situations de dépendances et d’immobilité dans la mesure où des systèmes d’admission restrictifs, en Suisse et ailleurs, rendent les étrangers concernés tributaires de leur soutien administratif.