Pendant longtemps, la toxicomanie a été associée sur le plan neurobiologique à la modulation à court terme de différents systèmes de neurotransmission. Les stratégies de traitement ciblaient conséquemment les récepteurs auxquels se lie directement la substance étant source d’abus. Ces approches ont contribué à améliorer le soulagement des symptômes d’intoxication et de sevrage, tout en favorisant l’accès à des services psychosociaux adaptés. Toutefois, les données soulignent, chez certains sous-groupes d’individus, l’efficacité parfois mitigée de ces interventions visant à diminuer de façon soutenue la consommation et les symptômes associés à la toxicomanie, particulièrement le craving. Les avancées récentes en neurosciences ont permis de mieux comprendre les mécanismes neurobiologiques expliquant la vulnérabilité à la rechute. D’une conception essentiellement dopaminergique et striatale, les théories biologiques de la toxicomanie intègrent maintenant la contribution des systèmes glutamatergique, opioïde et endocannabinoïde, de même que l’interaction entre ces différentes composantes au sein des structures corticales et sous-corticales. L’intérêt semble avoir migré des phénomènes neurobiologiques à court terme vers la modulation prolongée du fonctionnement des structures en jeu dans la toxicomanie. Ce changement de paradigmes a mené à l’émergence de plusieurs stratégies thérapeutiques visant à diminuer les risques de rechute en modulant de façon plus spécifique les circuits neuronaux dont le fonctionnement est altéré par la prise chronique de substances. Les systèmes endocannabinoïde et glutamatergique, notamment, apparaissent comme une cible de choix pour le traitement du craving et la prévention de la rechute. Le présent article a pour objectif de résumer certains des plus récents courants en matière de conceptualisation neurobiologique de la toxicomanie de même que les nouvelles pistes de traitement en découlant.For years, the neurobiology of drug addiction was characterized by the short-term modulation of different neurotransmission systems, therapeutic strategies directly targeting the receptors that are bound by substances. These approaches have helped to improve the treatment of drug intoxication and withdrawal, while promoting access to a broad array of psychosocial services. However, the data highlight the mixed effectiveness of these interventions to induce a sustained decrease in consumption and other symptoms of addiction, especially craving, among subgroups of individuals. Recent advances in neuroscience have led to a growing understanding of the neurobiological mechanisms underlying the vulnerability to relapse and other behaviors associated with addiction. The primarily dopaminergic and striatal hypothesis of these phenomena has been replaced by a theory incorporating the contribution of the glutamatergic, endocannabinoid and opioid systems, as well as the interaction between these various components within cortical and sub-cortical structures. The focus has moved from the short-term neurobiologica...