“…Convoquer la figure du « tiers », c'est aussi s'interroger sur la façon dont les lieux et arènes publics, notamment lorsqu'ils sont ressaisis au sein d'un processus de médiatisation, constituent des scènes sur lesquelles ces identifications religieuses sont faites ou défaites par des acteurs qui collaborent, se concurrencent ou s'affrontent sous le regard d'un spectateur, mis en position d'arbitre(Lippmann, 2008), ou donnent lieu à la mobilisation d'un public de citoyens indirectement concernés(Dewey, 2010) par ce qui se joue autour d'un enjeu tenu pour « religieux ».En effet, les débats récurrents en France autour des « signes religieux ostentatoires »(Arêas, 2015), des « accommodements raisonnables » 21 au Canada, ou encore du vote populaire contre l'édification de minarets en Suisse(Gonzalez, 2015) font apparaître combien les frontières entre l'individuel, le collectif et l'institutionnel, ou entre le privé, le commun et le public -loin d'être fixées à l'avance -sont sujettes à conflits, négociations, ajustements pouvant porter tant sur les pratiques que sur les normes censées régir la vie en société(Taylor, 2011 ;Stavo-Debauge, 2012 ;Stavo-Debauge et al, 2015).Ces débats se prolongent en des développements théoriques pugnaces. L'exposition au regard du tiers engendrerait « l'islamophobie »(Deltombe, 2007), rejet des21 Issue du droit du travail canadien, L'expression accommodements raisonnables a désigné au Québec au début des années 2000 le processus d'admissibilisation des différences culturelles et religieuses des minorités au sein d'une société démocratique républicaine pluraliste, mené notamment par la Commission de consultation sur les pratiques d'accommodement reliées aux différences culturelles dite commission Bouchard-Taylor (2007Taylor ( -2008, et les controverses qu'il a engendrés.…”