Cet article propose, à la lumière de la rencontre avec une famille au sein d’une crèche, une réflexion autour d’une grossesse gémellaire qui fait suite à une fausse couche précoce. La fausse couche précoce intervient dans l’histoire du parent et du couple comme une effraction traumatique. De fortes angoisses peuvent entourer la grossesse qui suit une fausse couche, en ce qu’elle réactive la tempête psychique causée par la perte périnatale. Quels sont les effets de la mort in utero sur la grossesse suivante ? Comment s’instaure la relation avec chaque nouvel enfant ? Cela m’a conduite à interroger de manière plus approfondie le remodelage des processus de parentalisation et de transmission à l’œuvre dans l’histoire des parents dans la situation de la grossesse qui suit une perte périnatale, et plus spécifiquement dans le contexte particulier d’une grossesse gémellaire. Il s’agit également de réfléchir à la façon dont l’enfant, au début de sa vie, a induit un effet sur ses parents, comment l’anticipation prénatale de l’enfant d’après a risqué d’être sidérée par la perte fœtale précédente, et la manière dont les liens mère-enfant(s) se constituent durant la période périnatale et dans la petite enfance.