Abordant les îles et les îlien·ne·s dans le cadre de nos sujets de thèses, nous interrogeons les implications de nos statuts de sujets cherchant, a priori conditionnés par nos origines continentales pour l’une et îlienne pour l’autre, dans nos démarches d’enquête de terrain. Cette réflexion en miroir fait émerger un questionnement plus vaste sur le rapport du·de la géographe à son terrain. Dans ce cas précis, nous portons un regard réflexif sur les liens affectifs qui se nouent avant et pendant la recherche sur les territoires d’études. Au fil de nos recherches, ce regard réflexif nous a amenées à mobiliser nos subjectivités respectives dans le cadre de nos méthodes d’enquête sur le terrain. Ce dévoilement a favorisé en retour le recueil d’un discours décomplexé de la part des îlien·ne·s qui se sont senti·e·s plus à l’aise pour dévoiler leur propre subjectivité, que celle-ci concerne, dans le cas du travail de Pauline F., leur vision des problématiques territoriales ou, dans le cas du travail de Pauline J., leurs trajectoires migratoires. Cette approche s’inscrit plus largement dans une volonté de déconstruction des rapports de domination qui structurent la relation d’enquête. En revenant sur la construction d’une démarche de recherche que nous qualifions d’intersubjective, nous nous positionnons plus largement en faveur de la réhabilitation de l’affect dans le discours académique, non pas comme un biais mais comme un moteur de la recherche. L’aboutissement de ce dialogue réflexif nous conduit alors à envisager les îles non pas comme des terrains mais comme des territoires de recherche.