En frappant les Antilles dans la nuit du 5 au 6 septembre 2017, l'ouragan Irma est venu rappeler l'exposition des Îles-du-Nord aux risques cycloniques. Deux ans après son passage, l'île de Saint-Martin a amorcé sa reconstruction mais conserve encore les stigmates du passage de l'ouragan pour une durée encore difficile à évaluer. Au regard de l'expérience historique, il est intéressant de s'interroger sur la manière dont les sociétés ont fait face par le passé à de tels événements et selon quelles temporalités. Le cyclone de septembre 1928 constitue avec Irma, Hugo et José les principaux ouragans qui ont touché les Antilles au cours du XX e siècle et représente un cas d'étude intéressant (Desarthe et Moncoulon, 2017). Ce cyclone a touché la Guadeloupe et dans une moindre mesure la Martinique entre le 12 et le 13 septembre 1928. Non nommé, puisque cette pratique ne se fera qu'à partir des années 1950, il est connu aux États-Unis sous le nom Okeechobee en raison des inondations du lac du même nom en Floride. À Porto-Rico, sa mémoire est conservée sous le nom de San Felipe. En Guadeloupe, où le cyclone a été à l'origine de 1 120 à 1 200 morts, sa mémoire est encore vive et donne lieu à des commémorations régulières.La connaissance des événements passés est incontournable pour appréhender l'exposition des territoires et des sociétés, et pour la construction des politiques de prévention. Dans cette perspective, la Caisse Centrale de Réassurance, en tant qu'acteur du régime d'indemnisation des Catastrophes naturelles et comme gestionnaire comptable et financier du Fonds de Prévention des Risques Naturels Majeurs, mène depuis plusieurs années des travaux de recherche et de développement intégrant une dimension historique (Desarthe, 2014(Desarthe, , 2017(Desarthe, , 2019. Les résultats de l'étude menée entre 2013 et 2017 consacrée aux outre-mer sont partagés dans le cadre du projet d'ANR TIREX qui vise à faire un retour d'expérience sur l'ouragan Irma partagé avec les populations afin d'améliorer la résilience des sociétés.L'intérêt des historiens pour l'étude des catastrophes passées est ancien et les travaux ont toujours eu pour ambition d'améliorer la connaissance des sociétés et des aléas (Le