Quel avenir pour l'élevage dans le bassin cotonnier de l'Ouest du Burkina Faso ? Dynamiques agro-pastorales et recompositions territoriales

Abstract

Résumé La présentation des systèmes d’élevage dans l’Ouest du Burkina Faso permet de montrer la juxtaposition sur les mêmes espaces de pratiques différentes ; la remise en cause des mobilités pastorales au cours des deux dernières décennies est lourde d’incertitudes : comment repenser la mobilité des troupeaux dans un contexte de fort accroissement des espaces agricoles et de réduction des espaces pastoraux ? La vocation du bassin cotonnier est-elle uniquement agricole ou agro-pastorale ? Derrière la « mise en territoire » des espaces pastoraux se cachent des stratégies d’acteurs aux intérêts divergents. En l’absence de point d’équilibre, c’est l’issue de ces rapports de force qui décidera de la place de l’élevage dans l’économie régionale. Différents scénarios qui en découlent sont envisagés.

Shift in herders’ territorialities from regional to local scale: the political ecology of pastoral herding in western Burkina Faso

“…For instance, the state promoted the development of cotton in the western region through a company named Sofitex (Société burkinabè des fibres textiles), in which the state is one of the main stakeholders (Gray and Dowd-Uribe 2013). The incentives offered to crop cotton triggered a general extension of croplands, first to the north of BoboDioulasso, in the home territories, and then southward, in the transhumance territories (Figure 2) (Gonin and Tallet 2012a). Sofitex also introduced animal-drawn ploughing, which enabled the rapid expansion of fields (Tersiguel 1995) to the detriment of rangelands.…”

Le foncier pastoral au Sahel, des mobilités fragilisées

“…Les pasteurs sahéliens mettent en valeur la complémentarité des pâturages entre zones saharienne et sahélienne, le nord et le sud de la zone sahélienne, entre les zones sahéliennes et soudaniennes et entre zones sèches et zones humides (delta intérieur du Niger, lac Tchad…) par des mouvements de transhumance principalement orientés nord-sud (est-ouest pour la mise en valeur des zones humides). Ceux-ci sont un phénomène spatial bien connu et abondamment décrit dans la littérature [Boutrais 1994, Welte 1997, Marty, Eberschweiler & Dangbet 2009, Turner 2011, Boureima & Boutrais 2012, Gonin & Tallet 2012, Brottem & al. 2014 » [Stenning 1957, p. 60].…”

“…Quand une autorité ne vient pas perturber le jeu des mobilités, il n'y a généralement pas de surpâturage [Scoones 1994]. On peut assimiler ce mode d'accès aux ressources à une gestion en commun [Gonin 2018] : une ressource est gérée par un groupe d'usagers selon des règles. Contrairement à la théorie de « la tragédie des communs » [Hardin 1968], la gestion en commun n'entraîne pas la dégradation des ressources.…”

“…Ils effectuent des transhumances de plus en plus au sud, jusqu'à atteindre la zone guinéenne, où les fortes précipitations et les maladies, notamment la trypanosomiase, imposent une limite méridionale de leurs migrations. À l'issue de leur migration historique les pasteurs n'ont pas reconstitué leur modèle de gestion en commun des ressources pastorales [Gonin 2016]. Ils se sont installés dans des espaces où la mise en valeur agricole était depuis longtemps dominante, si ce n'est en termes de superficies, au moins culturellement.…”

Spatial changes and pastoralist practices: New methods of transhumance in western Burkina Faso

“….). Ils décident donc très largement de la réalisation des aménagements pastoraux locaux (Gonin et Tallet, 2012). Les cadres de concertation (groupe de réflexion, assemblée villageoise) mis en place par l'OPSF renforcent d'ailleurs leur poids politique local en leur offrant une tribune où ils peuvent exprimer leurs intérêts.…”