Cet article propose un cadre d’analyse pour traiter des dynamiques relationnelles entre le patrimoine naturel et l’action publique territorialisée. La grille développée met en avant trois notions clefs, celles de conservation, de valorisation et de labellisation, pour lire et comprendre les formes prises par le processus de patrimonialisation. Au-delà des logiques initiales de conservation et de valorisation au croisement desquelles émerge la mise en patrimoine, nous insistons ici sur le rôle joué par la montée en puissance depuis une quinzaine d’années d’un nouveau référentiel d’action territoriale, la labellisation. Celui-ci a introduit de nouvelles normes et de nouvelles légitimités politiques, mettant en évidence l’importance des logiques de distinction et de reconnaissance qui alimentent les processus de patrimonialisation. Ce cadre est appliqué à l’analyse croisée de deux figures emblématiques des Pyrénées, Gavarnie et Canigou, deux hauts-lieux « naturels » où se sont superposés différents dispositifs de conservation. Leur reconnaissance est certes fondée sur les spécificités de leur naturalité, mais leur valeur patrimoniale tient aussi à leur caractère syncrétique associant à leurs particularités physiques des éléments culturels. L’article expose ainsi comment dans la dynamique de la labellisation, des formes plus contemporaines de patrimonialisation ont pu émerger, renouvelant ainsi la mise en récit et la mise en scène de ces hauts-lieux. L’analyse souligne aussi combien, d’un site à l’autre, l’appropriation et l’interprétation de la labellisation peuvent diverger.