Objectifs de l’étude
La pandémie à SARS-CoV-2 voit nombre de médias relayer la présence de quinine dans les eaux toniques. Si son effet antiviral a été soulevé
in vitro
, l’amalgame avec ses dérivés, comme l’hydroxychloroquine, suscite un attrait pour ces eaux. Dans le cadre supplémentaire du bicentenaire de la découverte de la quinine, l’objectif principal vise à analyser les réactions d’hypersensibilité liées à la consommation de boissons contenant de la quinine décrites dans la littérature.
Patients et méthodes
Nous avons analysé les cas publiés indexés sur
Pubmed
,
Scopus
,
Google Scholar.
Un score d’imputabilité de la quinine a été calculé pour chacune des observations. Un dosage de quinine a été pratiqué sur plusieurs breuvages dont la vérification de teneur n’avait pas fait l’objet de publication.
Résultats
En parallèle d’études pharmacocinétiques connexes, ce corpus compte 26 observations. Elles concernent principalement des hommes jeunes, dont la gravité des symptômes est variable : essentiellement dermatologique, avec érythème pigmenté fixe, exanthème généralisé, urticaires ; hématologique, avec thrombopénie, syndrome hémorragique, microangiopathie thrombotique ; plus rarement oculaire, cardiaque ou auditive. Le niveau d’imputabilité de la quinine est certain pour trois cas, probable pour vingt-deux, possible pour deux. Les teneurs testées des apéritifs et d’un vin cuit, toutes conformes aux normes, sont moindres que celle des eaux toniques.
Discussion
Peut-être sous diagnostiqué, le mécanisme majoritaire est de type immuno-allergique, sans qu’une réaction croisée avec d’autres quinoléines ait pu être montrée. Chez ces patients et les femmes allaitantes de nouveau-nés déficitaires en G6PD, tout médicament, phytothérapie, homéopathie, voire cosmétique contenant de la quinine, sur la base d’une liste didactique proposée, seraient à écarter.