Le plaisir sexuel peut prendre la forme d’une injonction sociale. Cette injonction aurait comme effet de renforcer la responsabilité des femmes, qui devraient, lors de leurs rapports sexuels occasionnels, non seulement éviter des grossesses et des infections sexuellement transmissibles, mais aussi ressentir du plaisir. Par l’analyse de deux cas de figure (rapports sexuels d’ordre pénovaginal protégés et non protégés) issus d’entretiens avec des jeunes femmes d’origine latino-américaine en Suisse, l’auteure propose, dans cet article, de lire ces interactions sexuelles comme des tentatives de faire face à l’injonction sociale au plaisir sexuel. Que ce soit dans un cas (protection) comme dans l’autre (non-protection), il est question de créer des conditions propices à la production du plaisir sexuel féminin compris comme complémentaire à celui du partenaire ou pensé, avant tout, à partir de son propre plaisir.