“…En résumé, ces attitudes soignantes (aussi intentionnées soient-elles), qui font des connaissances médicales le lieu désigné du savoir, ne laissent que peu de place à l'individu, dont elles cherchent avant tout à combler la béance, parfois même au mépris de sa souffrance, lorsqu'il s'agit de nous faire l'instrument d'exigences communautaires promues par des sociétés modernes peu tolérantes aux différences et préoccupées principalement de statistiques et d'uniformisation qui vaut pour les moyens, les compétences, mais aussi les personnes. Ces postures soignantes -pour revenir à un débat plus policé -correspondraient à l'idée théorisée ailleurs par C. Chaperot d'un « épi-cadre », c'est-àdire d'un ensemble de mesures prescrites par l'institution, enserrant le sujet à l'extrême sans qu'il nous soit possible de nous laisser surprendre, étonner, par les capacités du sujet de trouver avec notre appui ses propres systèmes de régulation, ce que C. Chaperot désigne, en symétrie de l'épi-cadre (et non en opposition), « hypercadre » (Chaperot et al, 2003). Respecter la manière d'être au monde de chacun implique ainsi que le manque du sujet ne devienne pas un mal à combler mais une réalité, une condition humaine à assumer qu'il nous appartient ensemble -patients et thérapeutes -de tempérer si nécessaire.…”