Résumé Cet article a pour objectif de mettre en évidence les articulations entre genre, religion et nation au sein d'ONG qui agissent pour la prévention de la violence domestique au Tadjikistan. Le contexte post-conflit est caractérisé par une reformulation conservatrice des rôles des hommes et des femmes dans la société au sein de l'idéologie nationale promue par le pouvoir en place et par une inefficacité des structures étatiques à agir contre les violences masculines faites aux femmes. Dans ce contexte, les ONG locales, soutenues par des organisations internationales, s'engagent dans une collaboration avec des religieux. Cette collaboration, présentée par les salariées des ONG comme une stratégie d'ancrage local et national pour lutter contre les violences domestiques, repose sur des contradictions et des oppositions au sein des ONG. Il s'agira alors de mettre à jour ces tensions pour saisir les stratégies de négociations des salariées, qui font face aux normes de genre imposées par l'État nationaliste et par les institutions religieuses.