Bien des parents et des professionnels (enseignants, psychologues ou orthophonistes) pensent qu’apprendre à parler, à lire et à écrire dans deux langues peut aboutir à un déficit scolaire du fait de la surcharge cognitive et des risques de confusions liés à la manipulation des deux codes. Ainsi, certains bilingues abandonnent ou sont tentés d’abandonner l’une des deux langues, souvent la langue première, dans les échanges avec leurs enfants, au profit de la langue de l’école. Or, toutes les données scientifiques récentes tendent à montrer que le bilinguisme est un atout plus qu’un handicap. Toutefois, ces résultats positifs concernent le plus souvent des contextes anglophones et ne sont pas directement transposables en contexte francophone. S’appuyant sur les résultats de nos travaux menés en Océanie (Nouvelle-Calédonie, Polynésie française) et dans d’autres territoires (Guyane, Haïti, Bénin, Burundi, Burkina Faso, Cameroun, Mali, Niger, République démocratique du Congo et Sénégal), cet article traite du développement bilingue et de l’impact de dispositifs pédagogiques qui valorisent les langues d’origine. Plus spécifiquement sont abordés le langage oral du bilingue, la bilittéracie et une notion centrale qui justifie l’intérêt d’utiliser plusieurs langues : les effets de transferts interlangues. Enfin, nous terminerons sur quelques pistes de recherches dans deux domaines encore peu explorés et qui s’inscrivent dans les enjeux pour l’éducation et la formation du XXIe siècle : la satisfaction de vie, d’une part, et la créativité, d’autre part.