SummaryPakistan was created in 1947 by leaders of the Muslim minority of the British Raj in order to give them a separate state. Islam was defined by its founder, Jinnah, in the frame of his "two-nation theory," as an identity marker (cultural and territorial). His ideology, therefore, contributed to an original form of secularization, a form that is not taken into account by Charles Taylor in his theory of secularization -that the present text intends to test and supplement. This trajectory of secularization went on a par with a certain form of secularism which, this time, complies with Taylor's definition. As a result, the first two Constitutions of Pakistan did not define Islam as an official religion and recognized important rights to the minorities. However, Jinnah's approach was not shared by the Ulema and the fundamentalist leaders, who were in favor of an islamization policy. The pressures they exerted on the political system made an impact in the 1970s, when Z.A. Bhutto was instrumentalizing Islam. Zia's islamization policy made an even bigger impact on the education system, the judicial system and the fiscal system, at the expense of the minority rights. But Zia pursued a strategy of statization of Islam that had been initiated by Jinnah and Ayub Khan on behalf of different ideologies, which is one more illustration of the existence of an additional form of secularization that has been neglected by Taylor.
RésuméLe Pakistan est né en 1947 de la demande d'un État séparé par la minorité musulmane du Raj britannique. L'Islam y était défini par son fondateur, Jinnah, dans le cadre de sa « théorie des deux nations », comme un fondement identitaire, à la fois culturel et territorial. Cette idéologie était donc à l'origine d'une forme de sécularisation originale qu'ignore la typologie ternaire de Charles Taylor -que ce texte s'attache à tester et à compléter. Par contre, elle allait de pair avec un certain sécularisme au sens où l'entend Taylor : les deux premières Constitutions du Pakistan n'érigeaient pas l'islam en religion officielle et garantissaient des droits importants aux minorités. Mais l'approche de Jinnah ne faisait pas consensus. Les religieux et les fondamentalistes militaient, eux, en faveur d'une islamisation du pays. Leurs pressions ont porté leurs fruits au début des années 1970, au moment où Z. A. Bhutto instrumentalisait la religion. La politique d'islamisation de Zia transforma plus encore le droit, le système éducatif et le dispositif fiscal. Si cette évolution s'est opérée aux dépens du sécularisme, les minorités se retrouvant dans une situation particulièrement précaire, les années 1980 ont vu Zia poursuivre une politique d'étatisation de l'islam comparable à celle de ses prédécesseurs -de Jinnah à Ayub Khan -qui l'avaient pourtant mise en oeuvre au nom d'idéologies différentes. C'est là l'indice d'une forme spécifique de sécularisation qu'on pourrait dire du quatrième type.