Dans les recherches actuelles en STAPS, les chercheurs recourent de plus en plus aux méthodes mixtes de recherche (MMR) pour l’étude d’un même phénomène, en articulant des données, des méthodes et des théories (Vors & Bourcier, 2022). L’objet de cet édito est de questionner, d’un point de vue épistémologique et méthodologique, la conception et les usages par les chercheurs des MMR pour l’analyse de l’activité et de l’expérience en Éducation physique (EP) et en Sport, afin d’en discuter le potentiel heuristique. Les positionnements scientifiques quant aux MMR et leurs usages s’avèrent très hétérogènes, pouvant aller d’une articulation de données qualitatives et quantitatives soutenue par un même cadre théorique, à des analyses de données hétérogènes issues d’approches scientifiques distinctes (Johnson & Onwuegbuzie, 2004). Cette hétérogénéité est une invitation à questionner notamment la congruence de données hétérogènes et leur équilibre statutaire, ou la cohérence paradigmatique entre les cadres théoriques mobilisés (e.g., Creswell, 2011). Les MMR sont utilisées pour investiguer de nombreux objets de recherche, relatifs à des terrains d’études variés tels que ceux de l’enseignement de l’EP, de l’entraînement sportif, de l’Activité Physique Adaptée, des loisirs sportifs ou de l’expertise sportive (Camerino et al. , 2014). Les travaux concernant l’analyse de l’activité ou de l’expérience défendent en particulier la fécondité du mixage de données hétérogènes (Adé et al. , 2020). Pour autant, face à la diversité des terrains, des données, des méthodes et des théories, un questionnement épistémologique semble incontournable pour clarifier les potentiels avantages et limites des MMR en STAPS. Ce numéro spécial est l’occasion, à travers différents objets et terrains issus du champ des sciences de l’intervention de poser un regard critique et constructif sur les MMR afin d’envisager des perspectives ou des spécificités quant à leurs conceptions et usages en STAPS.