“…À l'intérieur de la famille, la substitution progressive du capital social par du capital financier pour l'accès à la force de travail a entraîné une autonomie croissante pour les femmes et les jeunes de cette région� Cette autonomisation prolonge le processus d'éclatement des clans originaux ou « Nda Bot » provoqué par le pouvoir colonial (Leplaideur, 1985 ;Weber, 1977)� En un peu plus d 'un siècle (1884-2010), les unités sociales de base des populations du Centre Cameroun ont évolué des grands Nda-Bot qui réunissaient, pour des raisons de défense militaire et d'accès aux ressources naturelles, plusieurs dizaines d'individus, vers la famille nucléaire au temps du cacao, puis vers la situation actuelle où chaque individu (homme, femme, jeune) s'insère de façon de plus en plus autonome dans les échanges marchands et le salariat� Ces transformations vont également conduire à un accroissement et à une accélération des processus de différenciation socio-économique entre familles de planteurs� Ces résultats confirment ceux indiqués par Folefack (2010) pour l'ensemble de la zone cacaoyère du Cameroun� Par ailleurs, l'accroissement de la pression sur les ressources foncières et la marchandisation de la terre vont entraîner une exclusion partielle ou une prolétarisation des exploitants ou des fils d'exploitants les plus modestes, comme cela a été montré pour d'autres zones du pays (Mope Simo, 2011)� Ces transformations vont également conduire à la construction de deux territoires agraires différents où les fonctions remplies par les systèmes agroforestiers à base de cacao ne sont pas les mêmes� Dans la zone d'Obala, les systèmes familiaux agroforestiers remplissent essentiellement une fonction identitaire et patrimoniale, et constituent un lieu de solidarité et d'intégration socio-économique, où se « réfugient » en particulier les personnes les plus âgées ou les plus démunies� Établis sur de petites surfaces et générant des revenus cacaoyers et agricoles modestes, leur équilibre financier et leur durabilité s'appuient également aujourd'hui sur le développement d'activités et de revenus non agricoles (Pédelahore et al, 2011)� Dans la zone de Talba, les systèmes agroforestiers apparaissent de plus en plus comme des lieux d'investissement des capitaux financiers et de profit, et de distribution de revenus monétaires par le biais du salariat agricole�…”