Les agriculteurs utilisant les eaux des khettaras, galeries souterraines drainant la nappe phréatique et donnant un accès collectif à l’eau souterraine dans les oasis, font aujourd’hui face à un dilemme. Les khettaras se tarissent sous l’effet conjugué du pompage pour l’eau potable et de l’irrigation des exploitations agricoles des nouvelles extensions, et d’une recharge décroissante de la nappe. Leurs khettaras menacées de disparition, certains collectifs ont choisi d’installer des puits ou des forages alimentés par l’énergie solaire. Cela permet de renforcer le débit des khettaras et ainsi de maintenir l’accès collectif à l’eau souterraine, mais ces installations contribuent aussi à sa surexploitation. Dans cet article, nous mettons en discussion ce choix cornélien des communautés oasiennes dans le sud du Maroc. Des observations de terrain, l’analyse des images satellites, et des enquêtes avec les agriculteurs ont permis de comprendre le contexte d’émergence d’un dispositif associant la khettara au pompage par énergie solaire, d’analyser sa conception technique et de mettre en évidence la capacité des oasiens à intervenir sur les règles de gestion pour superposer ce dispositif technique et institutionnel nouveau au système traditionnel des khettaras. Cet article contribue à une réflexion sur la durabilité de l’accès à l’eau souterraine dans ce contexte présaharien.